Réserve d’acteur

Réserve d’acteur

de Olivier CADIOT, Patrick KERMANN, Jean-Charles MASSERA, Katalin MOLNÁR, Valère NOVARINA, Hervé PEJAUDIER, Charles PENNEQUIN & Christophe TARKOS

Objet nocturne numéro 

14
Installation plastique et sonore
4h30 (3 ╳ 1h30)
création 2002

Notes & textes 

Réserve d’auteur*

* il aurait fallu lire Réserve d’acteur, un spectacle en trois errata.

Erratum 1 : le texte agit l’acteur, il est un carburant, une énergie, une chose sur le papier qui le fait se mouvoir, qui lance les hommes dans l’espace autrement, qui les propulse, les fait chuter de façon nouvelle (dits de Valère NOVARINA).

Erratum 2 : c’est d’abord la langue qui parle, la langue corps. La langue est toujours celle d’un corps rythmique, une langue étrangère qui ne dit pas le monde mais sa distance irréconciliable au monde. Elle est l’innommable, l’in-montrable, elle est hors-lieu (dits de Patrick KERMANN).

Erratum 3 : tant qu’il y aura du parlant, de l’humain, de l’humain inquiet, il y aura une exigence de poésie. Et d’abord bien sûr contre la poésie, dans le meurtre de la poésie, dans la poésie comme mise en cause de la poésie. Et dans des formes bien évidemment imprévisibles (dits de Christian PRIGENT).

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Tentative d’énonciation

La Réserve d’acteur remet au centre la question fondamentale du théâtre : qu’est-ce qu’incarner la langue ?

Car l’acteur n’a-t-il pas la faculté de parler du monde avec son cerveau, ses viscères, ses ruses, ses masques ?

Toujours mettant en scène une proximité dangereuse, nous tentons de radiographier le rapport de fusion ou de distance entre les acteurs et les spectateurs… une communion possible. Un face à face avec l’acteur, guettant sa mue car il tente un acte de pure magie : disparaître et transformer la langue du poète* en respiration, caresses, violences, sueur, frissons, halètements, secousses…

Groupe Merci

Générique 

Installation-spectacle” en trois soirées d’une heure et demie, soit quatre heures et demie de présentation.

Textes de :
erratum 1 :
Valère NOVARINA, Hervé PEJAUDIER,

erratum 2 :
Patrick KERMANN, Charles PENNEQUIN, Christophe TARKOS,

erratum 3 :
Olivier CADIOT, Jean-Charles MASSERA, Katalin MOLNÁR.

Distribution
Mise en scène : Solange ASWALD
Installation plastique et sonore : Joël FESEL
Collaboration artistique : Thierry DELHOMME
Collaboration dramaturgique : Marie-Laure HÉE
Réalisation des machines : Atelier Sandor WELTMANN
Constructeur : Thierry FURET
Bande son : Thomas REBOUL
Costumes : Sophie LAFONT
Régie : Stan MALAFRONTE
Production : Pierre GERMAIN

Avec :
Séverine ASTEL,
Jérôme BLU,
Georges CAMAPGNAC,
Frédéric CUIF,
Xavier GAUTHIER,
Pierre GERMAIN,
Étienne GREBOT,
Marie HALET,
Kaf MALÈRE,
Françoise OSTERMANN,
Cyril POT,
Sacha SAILLE,
Juliette STEIMER.

Remerciements :
Guillem de GRAMONT, Emmanuelle MALAFRONTE, Kemal ORCAN, Alain PODAIRE, Alice ROBERT, Jean-Noël ZEHNLÉ.

Production :
Théâtre National de Toulouse
Groupe Merci.

Soutien :
Centre National des Écritures du Spectacle de la Chartreuse de Villeneuve-lèz-Avignon.

Création en mai 2002 au Théâtre National de Toulouse

Parfums de presse 

« (…) À la Chartreuse de Villeneuve, le Tinel tenait bon. Loin des atteintes du quotidien, il protégeait ses poètes par l’obscurité profonde, voulue pour sa Réserve d’Acteur. En typographie, la réserve est cette partie laissée vierge par l’illustrateur pour y placer sa composition. Un blanc où viendront s’inscrire les mots. Dans le Tinel, des lumières dosées au juste compte viennent arracher les phrases aux lèvres d’acteurs modelés sous forme de stèles vivantes. Des bouches murmurantes ou vociférantes se passent le relais, traversent les poèmes, posant le spectateur en badaud. À une extrémité de la salle, un personnage en vitrine émerge doucement d’une collerette caoutchouteuse, pour dire son affaire dans un dispositif beckettien. À l’autre extrémité, ce sera un plongeoir. Bruissements et dispositifs scéniques pertinents de Joël Fesel. (…) »

Jean-Louis PERRIER
Le Monde, 17 juillet 2002

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Erratum sans réserve

« Peter Brook émet comme idée que l’acte théâtral s’amorce n’importe où, dans n’importe quel espace vie, dès le moment où il y a observation, dès le moment où s’effectue un échange entre l’acteur et le public. Vérification faite au grenier du TNT par le Groupe Merci. L’installation prend “ scène ” sur quelque 350 m2. Joël Fesel, le plasticien de la troupe, a mis du temps pour trouver le lieu adéquat pour cette audition de textes d’auteurs contemporains. “ AZF a délocalisé 250 entreprises et il y eu impossibilité de présenter le travail, comme prévu, hors les murs du TNT ”. Alors, de cet imprévu, d’une salle de répétition se faisant plateau, d’un public volontairement troublé et mis au défis de l’interaction, est né Objet nocturne n°14 : Réserve d’acteur, qui se joue au sommet du Théâtre de la cité. Sept auteurs ont été choisis parmi les jeunes poètes contemporains, de Valère Novarina à Olivier Cadiot en passant par Christophe Tarkos ou encore Jean-Charles Massera. Pour tout entendre, pour tout voir, il faut venir trois fois assister à la mise en scène de Solange Oswald. La quinzaine d’acteurs se placent et luttent contre les obstacles qui s’interposent entre leurs mots et le public. Une adresse continuellement remise en question par ces interférences. Un public “ dont on attend de la complicité, de la chaleur, pour peut-être partager un moment d’intensité ”. Joël Fesel a le sourire bonhomme. Oui, selon lui, il y a des textes qu’une seule lecture restreint. Oui, il pense que, par le jeu, on peut rendre visibles et accessibles des textes contemporains. Mais pour cela il faut passer par l’interrogation. Comme l’ont fait les auteurs. Non, les acteurs. À moins que cela ne soit encore un de ces lapsus volontaires, obligeant à comprendre, à accepter un mot, à le laisser pénétrer autant l’émetteur que le récepteur. “ Quels dérapages de la langue, quelles difficultés physiques peuvent conduire à une fraîcheur et à une découverte ? ” Un erratum, des errata, pour expérimenter le passage du verbe au travers du corps de l’acteur. (…) Le public va être bousculé pour son plus grand bien. »

Courant d’art, mai 2002