Perturbation au Théâtre Sorano / mai 2018
Proposition est faite au Groupe MERCI d’occuper le Théâtre Sorano durant le mois de Mai 2018.
Gageons que ces perturbateurs, ces profanateurs d’espaces, ces désobéissants sauront entretenir au mieux, dans nos têtes, le régime de crise si bénéfique à la création.
C’est le souffle suspendu que les clefs du théâtre leur seront remises avec la confiance qu’ils répondront, sans rechigner, à l’injonction de déranger nos habitudes de confort et de nous faire découvrir le Théâtre Sorano autrement…
A propos de « Avant la retraite » - notes d'intention
« Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde » Bertolt Brecht
Une des pièces les plus cruellement décapantes de Thomas Bernhard. Un ancien directeur de camp de concentration, aujourd’hui juge à la veille de sa retraite, s’applique à une fête clandestine pour commémorer le jour de la date anniversaire de la mort d’Himmler, haut dignitaire de l’époque nazie.
On assiste à la préparation de la cérémonie, par ses deux sœurs… et à son déroulement apocalyptique.
Thomas Bernhard y dissèque au scalpel les zones de ténèbres et les espoirs honteusement tapis dans le tréfonds d’un paisible foyer où l’adoration et la ferveur du nazisme refont surface… Sur le mode de l’imprécation et de la férocité, l’œuvre est profondément politique et trouve des résonances dans la montée des intégrismes de droite.
La lumière se lèvera sur un intérieur couvert de cendres. Morts déjà sans le savoir, dans les limbes de l’histoire, ces personnages attendent d’être achevés, de disparaître totalement…
Le groupe Merci sur la scène du Sorano ?!
Le groupe Merci est connu pour remettre en question et en chantier le rapport entre spectateurs et acteurs par des formes inventées au-delà du traditionnel rapport « scène/salle ». Investir l’espace du Théâtre Sorano autrement, faire une surprise scénographique à son public, créer un autre point de vue dans cette architecture si forte et si prégnante, voilà un des défis de ce projet spécifique créé par le groupe Merci pour l’espace du Sorano. Il prend naissance de la confiance entre l’équipe du théâtre, Sébastien Bournac son directeur et le groupe Merci avec sans aucun doute une envie commune de « pousser les murs ».
« Nous sommes récalcitrants à la cage de scène.
Réfractaires au sempiternel « rapport scène/salle ».
Allergiques aux cadres de scène.
Etrangés aux fosses d’orchestre.
Irrités par les prosceniums, les sièges en velours rouge, les rideaux de scène.
Nous voici dans de beaux draps avec le Sorano !
Le mettre sans dessus dessous ?
Certainement.
Le biaiser ?
Pour sûr.
Le profaner ?
Avec jubilation.
C’est ça : profanons ! »
Joël FESEL