À notre chère disparue, la Démocratie

À notre chère disparue, la Démocratie

de Éric ARLIX & Ronan CHÉNEAU

Objet nocturne numéro 

22
1h15
création 2011

Notes & textes 

Pour en finir avec ce cauchemar climatisé !

Un enterrement pas comme les autres, pour faire le deuil de valeurs qui ont contribué à construire la France…
À la page nécrologie, vous pouvez lire la triste nouvelle : À notre chère disparue, la Démocratie… ni fleurs ni couronnes.

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Il se disait déjà que la démocratie était très malade, n’était plus ce qu’elle était… Ses valeurs dévoyées, brandies à tout bout de champ ne servaient qu’à maintenir une forme de consensus de façade… Les mots « Liberté, Égalité, Fraternité » gravés au-dessus de nos mairies étaient déjà vidés de leur sens… Alors disons-lui joyeusement adieu ! Adieu à cette chère démocratie libérale, adieu au cumul des mandats, des emplois, des avantages, des fonctions, adieu à la langue de bois, adieu aux peurs brandies comme des épouvantails… Et ce ne sera pas triste, ce sera même une bouffonnerie, un peu glaçante. Mais la mort fait toujours du vide, et de la place pour des tentatives inexplorées. Comme une nouvelle naissance.

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Extraits

Cérémonie d’adieux
Adieu à notre chère démocratie libérale, avec tous nos regrets
Adieu aux oligarchies diverses, celles des experts, de l’argent, avec tous nos regrets
Adieu au pouvoir durable (celui qu’on détient parfois à vie), avec tous nos regrets
Adieu aux divers mandarinats, avec tous nos regrets
Adieu au cumul des mandats, des emplois, des avantages, des fonctions, avec tous nos regrets
Adieu à l’indignation (celle que récupéraient si bien les médias), avec tous nos regrets
Adieu au consensus, avec tous nos regrets
Adieu aux promesses de croissance, à la consommation sans borne, avec tous nos regrets
Adieu à nos cuisiniers politiques occupés à mijoter leur campagne, avec tous nos regrets
Adieu au contrôle des médias, et aux torpeurs des faux-débats, avec tous nos regrets
Adieu au marché comme seul projet de société, avec tous nos regrets
Adieu aux peurs brandies comme des épouvantails, avec tous nos regrets
Adieu à la langue de bois, avec tous nos regrets
Adieu aux experts et à leur langage si utile à la gouvernance, avec tous nos regrets
Adieu au monopole des entreprises, le marché s’effondre !… Avec tous nos regrets
Adieu aux mots de la citoyenneté employés à tort et à travers, avec tous nos regrets
Adieu à la culture de consolation, avec tous nos regrets
Adieu à l’utilisation des droits de l’homme à tout bout de champ pour masquer nos crasses et parfois nos crimes, avec tous nos regrets

Générique 

Textes issus de :
Éric ARLIX,
Le Monde jou, Verticales, 2005.

Éric ARLIX,
Désobéissance, bienvenue à la réunion 359, IMHO, 2008.

Ronan CHENEAU,
Res / Persona, Les Solitaires Intempestifs, 2004.

Pierre-Joseph PROUDHON,
Idée générale de la révolution au XIXe siècle, Garnier Frères, 1851.

Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946.

Une création du Groupe Merci
Objet nocturne n°22

Mise en scène et conception : Solange OSWALD et Joël FESEL
Collaboration dramaturgique : Julien GOUPIL
Création lumière : Cyril MONTEIL
Création musicale : Boris BILLIER

Avec :
Catherine BEILIN
Georges CAMPAGNAC
Julien GOUPIL
Gaetano GIUNTA
Marc RAVAYROL
Sacha SAILLE

Production :
Groupe Merci,
Pronomade(s) en Haute-Garonne,
Centre national des Arts de la Rue.

Soutien :
Conseil général de la Haute-Garonne.

Création en octobre 2011 à Carbonne (31), avec Pronomade(s) en Haute-Garonne, Centre national des Arts de la Rue.

Parfums de presse 

« La démocratie est morte, vive la démocratie  »

« Fracassée sur les compromis, la belle démocratie des origines (grecques), vidés de leur sens les beaux principes de la Déclaration des Droits de l’Homme (et du citoyen). Le drapeau flotte avec un léger “ flap flap” sur les consciences anesthésiées, les discours mécaniques s'enrayent à la tribune…

C’est triste et pourtant, ce fut un drôle d’enterrement. La démocratie est morte, vive la démocratie, tel est le message délivré efficacement par les six comédiens de la troupe, longuement applaudis pour leur exercice intelligent. »

La Dépêche, 28 novembre 2011

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« Théâtre : une démocratie qui a du « collant »

« À notre chère disparue, la Démocratie par le Groupe Merci, une configuration bien particulière, dans un spectacle à la mise en scène aussi brillante, décoiffante que “ collante de Solange Oswald et Joël Fesel.
Qui aurait pu croire que la lecture des meilleurs extraits du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 aurait pu devenir, un jour, hilarante ?

Égalité des femmes, droit au travail, droit d’asile et tant d’autres… avec une scène dressée à la façon d’un ring de boxe, la troupe toulousaine, en a mis littéralement plein “ la gueule ” à la société moderne.
Sur le fond, en tournant en dérision les dérives de la démocratie, du libéralisme ou de la société de consommation par leurs propres dérives, la création du Groupe Merci pousse autant au rire qu’à la réflexion. »

N. VdB.
L’indépendant, 12 avril 2015