Programme, s'inscrit dans le cycle « formes brèves » du Groupe Merci amorcé avec Minetti en 2015.
Dans cette fabrication de « formes brèves », expérimenter les limites de la théâtralisation est pour le Groupe Merci une façon de faire évoluer son propre vocabulaire et également ses propres limites formelles.
À propos du livre
Programme :
Entre le jeu dont vous êtes le héros et une critique acerbe de cette société capitalistico-postmoderne, l'écriture et le récit d’Éric Arlix créent l’angoisse et rencontrent les préoccupations de l’artiste Simon Starling. L’artiste ne cesse de raconter la brutalité du réel et, par une forme de récit plastique, dénonce cette brutalité mais offre dans le même temps une échappatoire poétique. Éric Arlix fait fonctionner identiquement son récit. Entièrement à la deuxième personne du singulier, la prose vive et rapide nous mène en enfer, dans un univers aveugle où l’individu perd toute notion identitaire, où certains détails révèlent un peu de drôlerie tout en nous gardant dans une grande inquiétude. Le programme n’est pas modifiable ; mais la pensée du lecteur est à l’œuvre devant l’idéologie qui forge ce texte. Lecteur, tu auras peur après lecture. Parce que tu entendras dans quel monde tu vis.
_
Programme pour « Programme »
Programme : un texte commandé à l’auteur Éric Arlix, regard sur l’exposition du plasticien Simon Starling au MAC VAL (2010).
Vous entendrez nommer des objets, des espaces, et des portes aussi comme ces arcanes des
jeux virtuels de l’hyper-modernité. Tout un parcours !
Vous entendrez aussi la langue du néo-management et ses injonctions, cette « maladie de
l’optimisation » et de la performance, qui fictionnalise toujours pour empêcher la déprogrammation
et re-fictionnalise encore pour éviter la panne et la peur de la panne. Toute une histoire !
[...]
Joël Fesel et le Groupe Merci proposent une forme performative pour
Programme d’Arlix-Starling et la double signature initiale se déplace, mais fidèlement à l’art du remade et aussi à l’art du recyclage.
Car décidément, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » !
Vous entendrez le texte d’Arlix.
Vous verrez des citations de Starling.
Vous verrez et entendrez des machines à jouer conçus par Fesel.
Vous verrez et entendrez deux acteurs, corps et voix.
Vous les verrez se démener dans le dispositif, dans cette histoire de dispositif et dans cette histoire
de portes, de passerelles et d’échelles.
Peut-il y avoir des programmes d’émancipation ? Peut-il y avoir des dispositifs émancipateurs ?
« Programme », Arlix-Starling-Fesel-Merci !
Bref, tout un programme !
Marie-Laure HÉE
_
Note d’intention
Programme est un écrit d’une vingtaine de pages, composé d’une série d’injonctions à la deuxième personne du singulier. Ce « tu » récurrent au cours du programme prend des couleurs variées sans pour autant laisser un quelconque échappatoire à l’adresse de son destinataire.
Ces injonctions sont empathiques et bienveillantes, elles émanent peut-être d’un coach dynamique ou d’un quelconque dispositif interactif.
Où sommes-nous ? Un jeu vidéo, un “ reality show ”, un parc d’attraction ?
Éric Arlix a l’humour corrosif et joueur, celui d’un « anthropologue » malicieusement embusqué, guettant les clichés branchés de notre époque.
Nous renvoie-t-il à une réalité augmentée ou simplement scrutée ? Kafkaïen et ludique à la fois, ce texte ovni (tout sauf du théâtre) pourrait certainement trouver écho dans une forme plastique, vidéo ou encore sonore.
La tentation pour le Groupe Merci d’y propulser la vitalité et le talent d’un jeune cascadeur-boxeur-acrobate, la puissance d’un bouffon et une pincée de dispositif scénique fut forte, nous y avons cédé.
Joël FESEL
_
Extrait
Gagne l’épreuve de confort moderne.
Ne soit pas prénominé, nominé non repêché
par le public, il n’y a pas de public bordel,
rappelle-t’en.
Ne subis pas ton énième krach personnel.
Ne sombre pas dans la dépression
(l’inverse de la performance).
Ne deviens pas un homme en panne.
Donne le meilleur, c’est maintenant.
Éric ARLIX,
Programme